Histoire de la commune

Histoire du peuplement du Morvan

Remerciements à Nicole Simon et au cercle généalogique U A I C F des Laumes(21150) pour ce remarquable travail de recherche.

Le noir Morvan, échappée granitique du massif Central est une région qui était connue dès les premiers siècles. Clovis au début du IVème siècle, enclave dans l’empire des Francs le Morvennus Pagus. On voit dans l’histoire d’Auxerre que Saint Amateur traversa le Morvan en allant à Autun et qu’il s’arrêta à Gubilium(certainement Gouloux).Le moine Héric, biographe de Saint Germain d’Auxerre , au IXème siècle dépeint cette région comme sauvage, montueuse et couverte de forêts. Fortunat l’appelle le pays des ours.

C’est seulement sous Louis XIII que la guerre dévastant la Thiérache amena des émigrés picards.

Cette région était très insalubre, à cause des marécages et des fièvres qu’ils généraient. Plus de la moitié des forêts appartenaient à l’abbaye de Fontenay pourtant éloignée, le reste au Comte de Chastellux.

Le peuplement se fit en trois fois.

Les deux premiers, furent faits avec des serfs de l’abbaye de Moutiers St Jean. Ils venaient de la région d’Auxois : Genay, Corsaint, Moutiers St Jean, le statut d’ « homme libre » leur avait été promis.

Les premiers peuplements ont échoué à cause de l’insalubrité des terrains, la moyenne d’âge y était de 35 ans. Ces populations ont accepté de déboiser et de s’installer dans cette région de climat rude car les seigneurs ou l’église leur avait donné des avantages essentiels:la garantie de la protection et surtout la disposition de la forêt qui joue un rôle fondamental dans l’économie rurale du temps : droits d’usage (de prendre du bois pour la construction, le chauffage et l’outillage, le plus souvent du bois mort ou « mort bois » : épines, ronces et bois blanc, sans usage pour les seigneurs) et droit de pacage (d’envoyer les bestiaux pacager et paître les herbes du sous-bois ; ce droit est parfois limité à certaines périodes de l’année) accordés par les seigneurs moyennant un loyer très faible ou même symbolique. Les étangs furent creusés et les forêts essartées, permettant la culture .Puis ce fut le troisième peuplement qui cette fois sera efficace. Ce qui est curieux, c’est que l’on trouve encore dans l’état civil de La Roche- en -Brenil et Saint-Agnan les mêmes noms de famille qu’en Auxois.

Olivier de Chastellux, proche de Henry IV, s’est fait un nom dans l’histoire du Morvan, en travaillant à peupler ces contrées. Baron de Quarré, vicomte d’Avallon, gouverneur de Cravant il avait combattu au service d’Henry IV et possédait une grande partie de cette région. Il est vraisemblable qu’il a été en relation avec le Duc de Bouillon et Charles de Croÿ, prince de Chimay, seigneur d’Avesnes, de Montcornet et autres. On peut donc supposer que ces derniers ont pu jouer un rôle dans cette émigration des thiérachiens vers le Morvan. Tout comme les abbayes, tant celles de Tiérache que celles de Bourgogne.
Pour tirer parti de ses terres, il fit venir en 1612 des colons, on dit même des prisonniers, de la Thiérache, partie la plus orientale de la Picardie, pays qui avait été ravagé par les guerres, afin de défricher la forêt et valoriser ces terres ingrates… (V.B Henry, curé de Quarré les tombes) comprenant diverses parties de ses seigneuries de Marigny l’Eglise et Quarré les Tombes.

A Quarré, les habitants des hameaux limitrophes de la forêt domaniale au Duc parlent encore de leurs ancêtres, des soldats guerroyant avec Olivier de Chastellux, reçurent de celui-ci des terres incultes à charge pour eux de les défricher, d’y bâtir leur maison, de verser une contribution au Comte et de participer à la garde du Château. Ces colons ont fait souche et leurs descendants exhibent cet attachement ancien au château, comme s’il leur conférait une parcelle de noblesse. Une histoire commune lie ces « gens des bois », comme les nomment les Quarréens, qui occupent les terres de la commune les plus propices à l’élevage et les Chastellux.

Enfin, ils étaient dans le Morvan ! Après les derniers chemins pierreux, tortueux, montant et descendant sans cesse, bordés de haies vives, ou en creux, dans un tournant, ils aperçurent un château féodal à pic sur un ravin. C’était une forteresse aux impressionnantes tours couronnées de créneaux et hérissées de mâchicoulis, reliées entre elles par un épaisse muraille aboutissant à une vielle tour, la tour de guet, signe de l’autorité judiciaire des sires de Chastellux. Fait rarissime le château appartient à la même famille depuis plus de mille ans.

L’accueil leur avait plu et les propositions faites les avaient enchantés. Habitués à leur patois, ils eurent d’énormes difficultés à comprendre les propos des hommes du pays, lesquels, trouvaient-ils, parlaient un jargon épouvantable avec un accent qui ne l’était pas moins. D’après l’abbé Henry, dans le bail passé entre Olivier de Chastellux et les Thiérachiens, ces derniers devaient lui payer »une poule de belle main par arpent, une tierce ou dîme, une poule de coutume, cinq sous de bourgeoisie. Ils étaient tenus de faire guet- et -garde autour de son château, lorsqu’ils y seraient requis, sous peine de douze deniers d’amende pour chaque défaillant. »

Pas un jour n’avait passé sans qu’ils se réjouissent de leur décision. « Pour le paysan, ce qui l’intéressait c’était le lien qui l’unissait à la terre nourricière, la façon dont ils la «tenait»(P.Goubert) Au début, ils vécurent dans des cahuttes d’une grande rusticité, ils les construisirent eux-mêmes. Puis, par souci de sécurité et aussi par économie, ils n’avaient pas hésité à faire groupe et formèrent des communautés. « La vrai raison d’être des communautés était dans l’esprit des familles et dans les nécessités du ménage des champs »(P.Molher). On s’unissait entre les différentes branches d’une même communauté ceci pour éviter de disperser les biens.

Ces Thiérachiens cultivèrent leurs terres, augmentèrent leur rendement, leurs communautés s’agrandirent et, pour la plupart, ils s’intégrèrent dans leur nouvelle patrie et devinrent de vrais Movandiaux.

Une transaction du 18 mai 1634, relative à la dîme entre le curé de Quarré les tombes et les habitants des bois de Chastellux, nous confirme que les terres à défricher leurs ont bien été attribuées par contrats faits avec Olivier de Chastellux.

Outre la dîme, s’ajoutait pour les habitants des bois « l’usage de Quarré », un droit d’usage et de pacage dont les conditions étaient réglementées. Une charte de 1622 stipule : « savoir d’y prendre par les mains des forestiers, bois tant pour « maisonner », clore leurs héritages, que pour leur chauffage et autres nécessités « .

Un peu plus tard, en 1653, un autre seigneur, Jean Sébastien le Prestre (le maréchal de Vauban 01/05/1633-30/03/1707), né à 7 kilomètres de Quarré les Tombes à Saint- Léger de Fougeret , fit venir de cette même Thiérache,une famille Brizard pour défricher. Elle prospéra mais sans vivre vraiment en commun. Elle resta groupée en un village qui compta jusqu’à treize feux, dépassant un rassemblement de quatre-vingt-dix personnes. Le village des Brizards porte encore leur nom pluralisé tandis que les Ruelles, les Chereaux, les Mathieus, les Lamberts, les Guichards, les Valtats conservent le souvenir des familles transplantées.

Quelques Morvandiaux ayant repris le baluchon pour se fixer sur les bords de la Marne au 18éme siècle, ont peut-être -rencontré, sans les reconnaître de très lointains cousins. Ces galvachers aux bœufs et les thiérachiens aux chevaux surent travailler en bonne harmonie comme ces bœufs et ces chevaux attachés au même chariot. Les galvachers étaient des paysans du Morvan qui partaient dans d’autres régions se louer avec leurs bœufs, du printemps jusqu’au mois de novembre, afin de réaliser des travaux de transport, essentiellement du débardage de forêts. La pauvreté des terres du Morvan explique cette nécessité de trouver d’autres revenus. Si l’on considère que ceux qui sont restés et se sont mariés sur place ne représentent qu’une minorité, on mesure alors qu’elle devait être l’ampleur de cette migration saisonnière en provenance du Morvan. Ces derniers sont allés vers d’autres régions que la Champagne : La Picardie (notamment la forêt de Villers-Cotterêts et la forêt de Compiègne), la Lorraine, le Berry, la région parisienne, l’Orléanais, Dijon.)

Plus tard, les moyens de locomotion avaient évolué, mais les « toucheurs de bœufs » suivaient encore leurs troupeaux en Brie, employés aux labours lourds des betteraves à sucre: Entre 1885 et 1900, un marchand de bœufs de Melun faisait ses achats dans le Morvan, puis vendait ses bestiaux aux exploitants briards. Il assurait ainsi la liaison entre petits propriétaires nivernais et fermiers de la Brie. Or, dans la Nièvre, les familles de cinq ou six enfants ne sont pas rares et les salaires sont bas (0fr40 à 0fr50 par jour), tandis qu’en Brie ils s’élèvent jusqu’à 3 francs. Le marchand de Melun organisant des convois de bœufs par wagon, emmena chaque fois vers la Brie des Morvandiaux qui voyageait gratuitement tout en surveillant les bêtes. Quelques mois plus tard, les Morvandiaux établis en appelaient d’autres »c’est ainsi qu’à Mormant, vers 1900, on recensait quarante-trois Morvandiaux, dont vingt-deux pour la seule grande ferme de l’Epine, leur fief était aussi à Coubert.

La Résistance:

La Nièvre est occupée le 15 juin 1940,par les Allemands,le département deviendra un foyer de résistance important,avec de nombreux maquis.Le maquis Vauban est issu du maquis de Ravières,secteur Avallonnais Morvan(crée en 1942,sous l’impulsion de François Guillot.En 1944 Armand Simmonot(Théo)est responsable de ce groupe.Début janvier 1944,à la suite d’une dénonciation par un milicien,le maquis d’Aubin,alias Bernard,installé en forêt de Breuil,près de Saint Brisson,comptant 53 hommes doit se scinder en deux pour être moins vulnérable.Six hommes restent avec Bernard : Maurice Blin,Lucien Charlot,Lucien Dion,Serge Girard,André Halck,Roger Loriot . Cinq d’entre eux seront exécutés . Dans l’autre groupe,Charlot se dirige vers Le Jarnoy  où demeure la grand mère de Roger Loriot.Il retrouve là Roger et d’autres camarades du maquis initial.Le milicien l’a suivi,Le Jarnoy est cerné.Lucien Charlot réussit à s’enfuir.Serge Girard,Maurice Blin,Lucien Dion et André Halck transférés à la prison d’Auxerre seront fusillés au champ de tir d’Egriselles Venoy le 14 mars 1944.Le Père Robert du maquis Vauban,a contacté Henri Gueniffet,maire de Saint Agnan,qui est une de ses planques et qui lui indique la Chapelle Saint Pierre,comme refuge possible,pour y passer l’hiver,qui est terrible,avec 40 cm de neige.Marie Valtat et ses amis de Saint- Léger- Vauban sont dans le collimateur.Roger Michot du hameau des Gros est dénoncé par sa femme parce qu’il détenait un fusil ramassé sur le bord de la route,convoqué à la Kommandantur,il sera fusillé.La Commune de Saint Léger est infestée de collaborateurs.Le 2 février 1944,Armand Simonnot(Théo)premier membre du groupe FTFP,faillit tomber dans une embuscade à la scierie de Marie Brizard,il regagna par Ferrière et les bois le groupe Vauban à la Chapelle Saint Pierre,il y avait là une douzaine d’hommes.Il avait recruté Albert Visinand de Saint Léger qui créera son propre groupe pour rejoindre le maquis Camille créé par Paul Bernard(Luc) et Jean Longhi(Lionel). Il quittera le secteur le 20 février 1944,pour rejoindre Ravières,autre lieu de repli du maquis Vauban,parcourant avec ses camarades 50 km à pied en 18 heures . Grandjean sera responsable de l’organisation des maquis de la Nièvre . En juin 1944,le Morvan compte jusqu’à 48 maquis,répartis sur 8 secteurs d’action et dont les effectifs avoisinent les 10 000 hommes,au moment de la libération.Sur la stèle située derrière la chapelle Saint Pierre sont gravés les noms des hommes du maquis tués au combat: Fred Bailly,Roger Calmus,Francisco Doblado-Blanco,Maurice Garnier,Jacques Hugot,Abel Mathiot,Valériano, Plencio-Cantos,Jean Stougar,Louis Thiennot.Les fusillés:Maurice Berger,Albert Fremiot,Marcel Horteur,Xavier Horteur,Désiré Perrin,Lucien Rebut,Georges Vannereux.Les disparus en déportation:Ahmed Amor,Jean Barbey,Lucien Girardin,Harry Jourdain,Aimé Meunier,Emile Philippot,Guy Philippot,Jean Philippot,Emile Quantin,Gabriel Ramelet,Ramyahne,René Rimbert,Emile Rouyer,Charles Vieillard.

Les premières années 1940-1943 furent très difficiles pour les résistants qui finirent en grande majorité par être arrêtés,torturés exécutés ou déportés,bien souvent à la suite de dénonciations.

Maria Valtat crée les premiers groupes de résistants de l’Avallonnais dont le » Front National de la Résistance » en sollicitant le sous lieutenant Marcel Maugé dit « Max »de Saint-Agnan qui est arrêté le 15 mars 1943,interné,torturé,déporté.Il ne parlera pas.Il rentrera en piteux état.

La Mairie a signé une convention de partenariat avec « Morvan Terre de Résistance »https://www.helloasso.com/associations/morvan-terre-de-resistances-arorm portant notamment sur l’accès gratuit au musée de la Résistance pour les habitants de Saint Agnan au Mémorial de Dun les Places et la mise à disposition des ressources de cette association  lors de cérémonies sur le site de la Chapelle Saint Pierre.